Imaginez un bretzel doré, symbole croustillant de l’Alsace, transformé en une distinction aussi prestigieuse que la Légion d’Honneur, mais avec une saveur résolument locale. C’est l’essence du Bretzel d’Or, une récompense créée en 1976 par Germain Muller, figure emblématique de la culture alsacienne. Prochain rendez-vous : Saverne, 19 octobre 2025…
Sur les traces de Germain Muller
Germain Muller, « dramaturge », chansonnier et cofondateur du cabaret De Barabli a voulu ainsi honorer ceux qui font rayonner l’âme de l’Alsace, de ses traditions à son esprit d’innovation. Le tout avec la complicité d’André Bord, ancien Ministre, et de Gustave Stoskopf.
À travers l’Institut des Arts et Traditions Populaires d’Alsace (IATPA), le Bretzel d’Or célèbre une certaine idée de l’« alsacianité » dans toute variété.
De l’art à la solidarité, cette distinction incarne la fierté d’une région au carrefour de l’histoire européenne.
Plongeons dans l’histoire, la signification et l’héritage de ce prix unique, véritable ode à l’Alsace.
L’âme alsacienne en forme de Bretzel
Germain Muller (1916-1994) était bien plus qu’un artiste : il était un gardien de l’âme alsacienne. Cofondateur du cabaret satirique De Barabli à Strasbourg, il marque des générations avec ses pièces en dialecte, comme Enfin… redde m’r nimm devun, mêlant humour, critique sociale et amour de la région confrontée à son histoire.
Dans les années 1970, alors que l’Alsace naviguait entre son passé franco-allemand et les défis de la modernité (bilinguisme, perte des traditions), Muller crée l’IATPA en 1976 pour préserver les arts, la langue et le patrimoine alsaciens.
Le Bretzel d’Or naît dans ce contexte, comme un étendard de l’identité régionale.
Entre une France centralisée et à une mondialisation naissante, Muller voulait célébrer ceux qui, par leur talent ou leur engagement, faisaient vivre l’Alsace.
Ce prix, ancré dans une région où choucroute et riesling côtoient une histoire complexe, devient rapidement un symbole de résilience et de créativité.
Une reconnaissance, une légion d’honneur pour l’Alsace
Le Bretzel d’Or devient une distinction annuelle décernée par l’IATPA à des individus, associations ou communes ayant contribué de manière exceptionnelle à la culture, au patrimoine, à l’économie ou à la solidarité alsacienne.
Surnommé la « Légion d’Honneur alsacienne » pour son prestige et sa rigueur, il se décline en plusieurs formes, dont le Bretzel d’Or, puis le Trophée Jean-Marc Schaffner, dédié aux communes pour leurs initiatives culturelles ou sociales. Les lauréats sont choisis avec soin par un jury, qui valorise l’authenticité et l’impact des contributions.
Les cérémonies, alternant entre le Bas-Rhin et le Haut-Rhin, sont des moments festifs où se mêlent discours, musique et convivialité, souvent dans des lieux emblématiques comme des salles communales ou des théâtres.
Le bretzel, symbole culinaire alsacien, devient ici une métaphore des liens, de l’union et de la générosité, tressant les valeurs de la région.
Le Bretzel d’Or, plus qu’une médaille
Le Bretzel d’Or n’est pas un « bandele », le ruban chassé par certains : il est un miroir de l’identité alsacienne. Il célèbre et récompense la fierté d’être alsacien, d’agir pour l’Alsace, que l’on soit alsacien de cœur ou AOC, le tout en s’ouvrant à la modernité.
En honorant des artistes, artisans, scientifiques ou bénévoles, il met en lumière la diversité des talents qui font l’Alsace, du dialecte aux innovations économiques. Le prix joue un rôle clé dans la préservation du patrimoine et de toutes les formes d’Alsace.
Sous la présidence de Bernard Kuentz
Depuis 2022, sous la présidence de Bernard Kuentz, l’IATPA a élargi son champ pour inclure de jeunes talents et des initiatives contemporaines, assurant la vitalité de la récompense face à la mondialisation. Il prolonge l’action engagée par le Professeur Pr Jean-Marie Vetter.
Ce prix renforce le sentiment d’appartenance et inspire les Alsaciens à perpétuer leurs traditions tout en innovant.
Des Alsaciens célèbres et “bretzelisés”
Depuis sa création, le Bretzel d’Or a récompensé des figures aussi diverses que talentueuses. Parmi les lauréats emblématiques, citons le mime Marceau (1989), ami de Muller, dont le génie universel a porté l’Alsace sur la scène mondiale, ou encore Tomi Ungerer (1980), illustrateur et conteur au rayonnement international.
Plus récemment, Alain Beretz (2023), ancien président de l’Université de Strasbourg, a été honoré pour son engagement scientifique et régional, tandis que Roger Siffer (2024), chansonnier et défenseur du dialecte, incarne l’héritage de Muller. D’autres, plus discrets, des chefs aussi, confortent chaque « cuvée ».
En 2024, les lauréats furent aussi : Raymond Emile Waydelich (hélas décédé entre l’officialisation et la remise), Léonard Humbrecht, célèbre vigneron à Thann et ailleurs, Marc Haeberlin, l’excellent chef et “aubergiste” , Annabelle Kremer-Lecointre, enseignante et scientifique, Thierry Omeyer, meilleur gardien et Champion de Handball, Claudio Capéo, chanteur et musicien, Jean-Jacques Erny, sculpteur et ébéniste d’art, Made in Alsace, pour ses 20 années d’engagement.
Des associations comme l’Union internationale des Alsaciens (2022) et des communes comme Reichstett (2023, Trophée Jean-Marc Schaffner) illustrent naturellement la diversité des contributions, de la promotion culturelle à l’innovation, la préservation, la promotion de l’Alsace. .
Une certaine idée de l’Alsace
Ces lauréats, qu’ils soient artistes, scientifiques ou acteurs locaux, reflètent la richesse et la vitalité de l’Alsace.
Dans un monde globalisé, le Bretzel d’Or invite finalement à réfléchir sur l’importance de préserver une identité unique tout en s’ouvrant au monde. Comme un bretzel bien tressé, il unit passé et avenir, fierté et sel de la créativité. L’Alsace peut compter sur sa « Légion d’Honneur » régionale pour continuer à briller et à aller de l’avant. Vers l’avenir en fait …
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