Lorsque l’on parle effervescence et vins, on pense souvent champagne…Indirectement, son histoire et celle du Crémant d’Alsace, sont liées. Tout commence le long de la route des vins d’Alsace et plus particulièrement aujourd’hui dans le vignoble de Marlenheim.

Là, les cépages qui servent en général à la composition du crémant donnent le meilleur d’eux-mêmes. Pinot blanc, Pinot gris, Pinot noir, Riesling, Auxerrois ou Chardonnay livrent leur quintessence.
Du « champagne » à Schiltigheim ?
Mais l’histoire nous ramène d’abord autour de la Première Guerre mondiale, à vrai dire juste avant. Tentées par le marché allemand, des « maisons de champagne »comme Cosse à Pfastatt, mais aussi Dirler à Bergholtz, Hommel à Ribeauvillé et Vix Barra à… Schiltigheim, la cité des brasseurs, produisent alors des vins mousseux… en Alsace pour s’affranchir de barrières douanières.
En même temps, Julien Dopff, à Riquewhir, teste la méthode champenoise de seconde fermentation en bouteille sur une partie de son vignoble. Il a découvert cette méthode lors de l’exposition universelle de 1900 et après un stage à Épernay, il invente le « Champagne d’Alsace ».
La guerre passée, le droit français rattrapa les viticulteurs alsaciens, sonnant la mort du « Champagne Dopff » rangé dans la catégorie des mousseux. En France, on ne produisait du Champagne qu’en Champagne, AOC oblige !
L’autre mousse d’Alsace

Ce vin effervescent d’Alsace dut alors se trouver une nouvelle identité pour sortir de l’image restrictive de «mousseux » et effacer aussi l’image déplorable de vins gazéifiés. Pierre Hussherr, alors directeur de
Wolfberger, eut alors une idée, faire revivre l’appellation « Crémant », qui qualifiait, en Champagne, des vins à la mousse plus légère, une mousse crémeuse en fait. Pour le plus grand bonheur de l’Alsace, les Champenois cédèrent alors l’appellation.
C’est ainsi qu’en 1974, Pierre et Pierre-Étienne Dopff, René et Charles Sparr à Sigolsheim, Xavier Ehrhart et Pierre Hussherr de la coopérative vinicole d’Eguisheim, Ernest Dauer et Jean-Jacques Wagner, de la
cave de Westhalten portèrent sur les fonds baptismaux « le syndicat des producteurs de méthode champenoise d’Alsace », préalable à l’appellation « Crémant d’Alsace » qui sera obtenue en 1976.
Champagne, pour le Crémant !
Depuis, le Crémant d’Alsace n’a cessé de s’affiner et de conquérir ses lettres de noblesse. Plus de 32 millions de bouteilles sont ainsi consommées chaque année, occasionnant même parfois un manque de bouteilles.
Enfin, le Crémant a su défrayer la chronique… En 2005, la cuvée prestige de la Cave de Bestheim devance le mythique Champagne Dom Pérignon à l’occasion d’une dégustation à l’aveugle mêlant Champagnes et Crémants. Toute une histoire….