Hopla, l’Alsace est le pays de Noël. Le premier sapin est apparu en 1521 à Sélestat et les marchés de saison sont partis d’Alsace pour animer le mois de décembre de Paris et des grandes capitales. S’esch es so ! Voilà, on rajoute du vin chaud et quelques bredele et, comme disent les « modernes », on a le « pitch » concernant Noël en Alsace.
Seulement, cela sera omettre le duel méconnu façon Terminator contre Prédator que se livrent Christkindel et le Père Noël.
Son nom et Noël, Père Noël…
Osons l’avouer, le Père Noël est l’équivalent français de Santa Claus. Alors certes ce personnage a pour origine un lutin nordique qui aimait à diffuser des cadeaux au milieu de l’hiver. D’autres voient en lui un dieu viking, d’autres encore le dieu celte, Gargan (le futur Gargantua) ou même Saint Nicolas (celui que les Lorrains ont pris récemment en otage). Mais c’est en Amérique, en 1821 que le poème « Old Santeclaus » apparaît. En 1844, un pasteur américain imagine Saint Nicolas sous la forme d’un lutin distribuant des cadeaux sur un chariot tiré par Fougueux, Danseur, Fringant, Rusé, Comète, Cupidon, Tonnerre et Éclair, huit rennes qui ne sont pas pour rien dans l’imaginaire actuel.
Enfin, c’est au journal Harper’s Illustrated Weekly et à la plume de Thomas Nast que l’on doit la figure dessinée du débonnaire Santa Claus. Immédiatement, de nombreuses firmes dont Waterman, Michelin, Colgate et Coca-Cola s’emparent de cette icône avant, comme pour d’autres fêtes, de nous renvoyer l’ensemble en Europe. L’homme au manteau rouge et à la barbe blanche peut envahir le monde.
Son nom est Kindel, Christkindel…
Plus proche de nous est Christkindel. Là où cette jeune fille apparaît, les cadeaux suivent. Sainte Lucie nordique pour les uns, réponse luthérienne à la popularité de Saint Nicolas pour les autres, elle est vêtue de blanc avec une couronne de bougies… Elle vient faire le plein de cadeaux pour les enfants sages et est accompagnée par une autre figure mythique des Noëls d’Alsace, le seigneur Hans von Trotta, mythifié sous le nom de Hans Trapp, le redouté père Fouettard. Personnage sombre, il vient naturellement punir les enfants, reposer les frontières du bien et du mal dont s’affranchit le mercantile Santa Claus. Hans Trapp n’hésite pas d’ailleurs à emporter dans son sac les mécréants et les méchants.
Au son des tambours et des flambeaux, ce duo hante encore notamment les rues de Wissembourg et à Strasbourg, le marché de Noël est tout entier dédié à Christkindel, Christkindelmärick est désormais son nom.
Le duel de Noël
Qu’est-ce qui les oppose finalement ? En fait, presque tout… car vous l’aurez compris, le premier a sombré dans la facilité et la seconde tend encore de faire rêver, à apporter du sens et des valeurs à une fête qui si elle est le moment d’agapes, doit être aussi, celle, plus authentique d’un renouveau au coeur de l’hiver.
À partir de Noël, du solstice d’hiver (non de Strasbourg, là on dit saucisse), le cycle naturel de la vraie vie reprend ses droits. Les jours rallongent, la vie écrit ses plus belles lignes et l’homme s’inscrit dans un cycle naturel, celui des saisons. Tant de choses que le rythme faussé de notre époque nous fait oublier.
Il ne peut en rester qu’un ! Bien sûr la machine marketing a un tantinet faussé la tradition. Entre David et Goliath, vous savez, c’est aussi à vous, à nous de faire le bon choix. Bien de chez nous, près de chez nous, Christkindel porte en elle des valeurs éloignées du mercantilisme. C’est peut-être là une voie à creuser pour retrouver le charme, la proximité, l’émerveillement et la sincérité des Noëls d’autrefois. On vous le dit, entre Christkindel et le Père Noël, il ne peut en rester qu’un. Choisissez votre camp, camarades ! Nous on sait.