Le lundi de Pâques, ce jour qui prolonge la fête pascale et offre un précieux week-end prolongé, est un jour férié dans de nombreux pays européens, dont la France et l’Allemagne. Mais pourquoi ce statut particulier ? Forcément, en Alsace, où des spécificités locales ajoutent une touche unique, on en profite !

Made in Alsace plonge dans l’Histoire, le droit et les traditions pour comprendre les racines de ce jour chômé, mêlant héritage religieux, évolutions juridiques et particularismes régionaux.
Une origine religieuse commune : la célébration de Pâques
Le lundi de Pâques tire son importance de la fête de Pâques, moment central du christianisme célébrant la résurrection de Jésus-Christ. Selon la tradition chrétienne, le dimanche de Pâques marque la victoire de la vie sur la mort, un événement solennel suivi d’une octave pascale – une période de huit jours de réjouissances.
Le lundi, immédiatement après, s’inscrivait naturellement dans cette continuité festive, permettant aux fidèles de prolonger prières, messes et rassemblements.
En Europe, où le christianisme a profondément façonné les sociétés, de nombreuses fêtes religieuses ont ainsi été intégrées aux calendriers civils comme jours fériés. Le lundi de Pâques, tout comme l’Ascension ou la Pentecôte, fait partie de ces héritages. Mais son statut férié, bien que partagé par la France et l’Allemagne, repose sur des cadres historiques et juridiques distincts, tandis que l’Alsace ajoute une nuance régionale de plus plaisante.
En France : un héritage du Concordat et une laïcité pragmatique
En France, le lundi de Pâques est un jour férié national, inscrit dans le Code du travail (article L3133-1). Cette reconnaissance trouve ses racines dans l’histoire religieuse et politique du pays. Sous l’Ancien Régime, la monarchie catholique faisait du calendrier liturgique une base pour les jours chômés.
La Révolution française, en bouleversant cet ordre, tenta de supprimer ces fêtes religieuses au profit d’un calendrier républicain laïc.

Cependant, le Concordat de 1801, signé entre Napoléon Bonaparte et le pape Pie VII, rétablit un équilibre : plusieurs fêtes chrétiennes, dont le lundi de Pâques, sont reconnues comme fériées pour concilier l’Église et l’État.
Avec la séparation des Églises et de l’État en 1905, la France adopta une laïcité stricte, mais le lundi de Pâques conserva son statut, tout comme d’autres fêtes chrétiennes (Noël, l’Assomption, la Toussaint).
Ce choix reflète alors un pragmatisme : ces jours, profondément ancrés dans les mœurs, étaient des moments de cohésion sociale.
Aujourd’hui, le lundi de Pâques est chômé dans tout le pays, indépendamment de la foi des citoyens. Il est synonyme de repos de nombreux travailleurs, de retrouvailles familiales et, pour beaucoup, de chasses aux œufs ou de week-ends prolongés.
En Allemagne : une tradition fédérale et des coutumes régionales
En Allemagne, le lundi de Pâques (Ostermontag) est également un jour férié national, inscrit dans les lois fédérales et celles des Länder (États fédérés).
L’Allemagne, marquée par un double héritage catholique et protestant, accorde une place importante aux fêtes chrétiennes dans son calendrier. Le lundi de Pâques, comme le vendredi saint ou le lundi de Pentecôte, est un jour chômé dans l’ensemble du pays, conformément à la législation sur les jours fériés (Feiertagsgesetze) propre à chaque Land.
Historiquement, l’Allemagne a maintenu ces fêtes religieuses après la Réforme protestante et les guerres de religion, car elles structuraient la vie locale.
Le lundi de Pâques, en particulier, est associé à des traditions vivantes : messes solennelles, feux de Pâques (Osterfeuer) dans le nord ou l’est du pays, et défilés folkloriques dans certaines régions. Ces coutumes, bien que moins suivies dans les zones urbaines, rappellent l’enracinement de ce jour dans l’identité culturelle allemande.
Comme en France, Ostermontag est aussi une occasion de repos et de loisirs, avec des familles profitant du printemps naissant pour des sorties ou des repas festifs.
L’Alsace : une exception française aux accents rhénans
L’Alsace, avec ses particularités historiques et juridiques, mérite une attention spéciale.
Dans cette notre région, ainsi que dans une partie de la Moselle, le lundi de Pâques est férié, comme dans le reste de la France, mais le calendrier des jours chômés présente des différences notables.
En raison de son histoire mouvementée – l’Alsace ayant appartenu à l’Allemagne de 1871 à 1918 après la guerre franco-prussienne –, la région conserve des dispositions héritées du droit local alsacien-mosellan, maintenues après son retour à la France.
Ce droit local, issu du Concordat de 1801 et adapté sous l’annexion allemande, reconnaît des jours fériés supplémentaires par rapport au reste de la France, comme le vendredi saint (férié uniquement en Alsace-Moselle pour les chrétiens) et la Saint-Étienne (26 décembre).
Le lundi de Pâques, déjà férié partout en France, s’inscrit dans cette tradition religieuse renforcée en Alsace.
Les Alsaciens, qu’ils soient catholiques, protestants ou non croyants, profitent de ce jour pour des célébrations familiales, souvent marquées par des plats traditionnels comme l’agneau pascal ou des décorations d’œufs.
Entre foi, histoire et modernité
Le lundi de Pâques, en France, en Allemagne et en Alsace, est bien plus qu’un simple jour de congé.
En France, il reflète un compromis entre laïcité et tradition ; en Allemagne, il s’inscrit dans une mosaïque fédérale de coutumes ; en Alsace, il illustre un particularisme historique unique.
Alors, que vous soyez en quête d’une chasse aux œufs en famille, d’une promenade printanière, de retrouvailles ou d’une réflexion spirituelle, le lundi de Pâques offre une toile riche, tissée d’histoire, de droit et de traditions.
Et si l’on savoure ce jour férié, c’est peut-être parce qu’il nous rappelle, à sa manière, que les ponts entre passé et présent sont parfois les plus agréables à franchir. Le tout en pensant à ceux qui travaillent quand même ce jour, pour nos plaisirs, nos loisirs, notre sécurité et notre santé !