« Les Petits Plats de Mamama » font parler d’eux … Ce restaurant de Rothau souhaite la bienvenue aux gourmands d’Alsace mais bannit les portables des tables. Forcément, Made in Alsace a voulu en savoir plus auprès d’Olivier et de Sandra.
A table, sans portable
Made in Alsace : On ne découvre pas « Les Petits Plats de Mamama » mais on vous voit tout à coup « vu à la télévision », forcément, cela nous donne envie d’en savoir plus. Donc, vous « interdisez » l’usage du portable au restaurant ?
Sandra : Bonjour, en effet cela fait un an que nous avons banni les portables de nos tables, le but n’est pas d’empêcher les gens d’être joignable il peuvent le mettre sur vibreur la seule chose que nous demandons c’est de ne pas les voir et de ne pas les entendre.
Nous nous sommes rendus compte que nos convives ne communiquaient plus entre eux…
Made in Alsace : Comment vous est venu l’idée ?
Sandra : C’est un triste constat ! Nous nous sommes rendus compte que nos convives ne communiquaient plus entre eux, sauf par message ou vidéo. Une ambiance triste et des sonneries incessantes viennent plomber l’endroit qui se veut un retour dans le passé.
Made in Alsace : Mais vous « interdisez vraiment », même au petit auquel on donne le portable pour l’occuper ? Comment le prenne les clients ?
Sandra : Nous sommes également parents et grands- parents, certes il est facile de donner un portable à un enfant pour être tranquille mais cela nous semble bien triste.
Pour nous la sortie au restaurant doit être perçu comme un privilège, un moment partagé pour bien sûr se régaler mais aussi échanger et profiter du moment.
Les enfants sont demandeurs d’être intégrés aux conversations, il suffit juste de leur laisser le loisir de s’exprimer et vous verrez que les sujets et les réponses qu’ils apportent sont bien plus intéressantes que de les cantonner à un écran.
L’Alsace c’est notre terre, notre patrie, notre cuisine, notre artisanat…
Made in Alsace : C’est vrai. On en oublierait aussi qu’avant, les réseaux sociaux, les lieux où l’on prenait le temps de discuter, c’étaient les restaurants, les bistrots… Cela dit, cela permet de se concentrer sur le menu, l’assiette et chez vous, la déco… Vous êtes très « Alsace », n’est-ce pas ?
Sandra : C’est peu dire, L’Alsace c’est notre terre, notre patrie, notre cuisine, notre artisanat, nos producteurs, nos paysages, notre culture et nous en sommes fiers.
Notre restaurant est aux portes des Vosges et jusqu’aux limites de cette frontière géographique, il faut mettre à profit le moindre mètre carré pour promouvoir notre belle Alsace.
Chez nous, cela passe par la cuisine, un décor d’antan, une brocante solidaire dont les bénéfices sont reversés chaque année pour un projet local qui sert au plus grand nombre. C’est aussi plus de 25 artisans et producteurs que nous exposons en permanence et pour qui nous vendons leurs produits sans aucune commission ou frais.
Le but étant de faire connaître nos pépites et surtout celles qui se trouvent dans notre belle vallée de la Bruche et cela dans un circuit le plus court possible à savoir du produit au client et ce sans aucun frais.
Made in Alsace : Justement, donnez-nous envie de passer à Rothau. Ce sont quoi les spécialités de la maison ?
Sandra : Notre cuisine est ce qu’on a appelé à une époque assez vulgairement je le reconnait “Une cuisine de bonne femme”.
Pour mon mari qui baigne dans le métier depuis ses 14 ans c’est en Suisse et dans le sud de la France qu’il a découvert le poste qu’il affectionne à savoir celui de saucier. C’est la personne qui s’occupe exclusivement des cuissons des viandes et de la création des sauces. Issu d’une famille modeste, la viande ce n’était pas tous les jours et cuisinée de façon à utiliser la totalité des morceaux et de les mettre en valeur avec des légumes de saison.
Son challenge qu’il s’est imposé lorsque nous avons concocté notre carte c’était de cuisiner sans matières grasse ajouter et sans sel. Pour ce faire, notre carte est exclusivement composée de plats qui mijotent pendant des heures dans des bouillons avec des légumes et des épices. Jamais agresser une viande en la saisissant et ne jamais mettre du sel en pensant donner du goût, le sel apporte la salinité du plat mais pas le goût. Le seul endroit où vous aurez du sel et des huiles sont les frites et la vinaigrette au vinaigre de miel d’Alsace bien sûr.
Mais pour répondre à votre question j’ai deux souvenirs d’enfants qui m’ont inspiré, la recette de notre civet de lapin et notre choucroute.
Quant à la choucroute de “Mamie Madelon”
Le civet de lapin de “mamie Cécile” aux navets, oignons grelots, lardons et champignons frais et mon souvenir pour cette recette c’est que nous ne savions jamais à quelle heure nous allions déjeuner car Mamie Cécile refusait de servir son civet avant que les os ne flotte au-dessus de la sauce. Au restaurant je ne peux pas refaire à l’identique pour des questions de présentation mais notre civet mijote six heures à feu très doux pour que la viande soit tendre et se décroche aisément de l’os.
Quant à la choucroute de “Mamie Madelon” aux cinq viandes mon petit souvenir outre celui que mamie Madelon cuisait sa choucroute dans le four de la cuisinière a bois c’était de lui servir un petit apéritif pour qu’elle en oublie un peu le plat au four et que le chou attrape une petite coloration et un fumet qui lui apportait un petit unique. Au restaurant nous faisons exactement le même procédé dans un four à tarte flambée chauffé à 400 degrés.
Made in Alsace : On a bien compris que le portable était « verboten », mais là, si on a envie de prendre en photo une belle part de tarte, la choucroute de Mamie Madelou, pour en parler aux amis, on fait comment ?
Sandra : Sincèrement que les clients prennent des photos de nos plats pour les mettre sur les réseaux ou les montrer a des amis ne nous importe pas. Nous sommes convaincus que de trop voir d’images nous formatent déjà et réduit la surprise de voir arriver le plat.
Ce qui est très important c’est le souvenir du moment passé avec les personnes qui vous ont accompagnées et c’est pour cela que nous proposons aux personnes qui le souhaitent de les prendre en photo. C’est ce cliché qui vous rappellera le moment passé, les odeurs des plats, et l’envie de revenir pour passer un moment avec de nouveau souvenir sans une vidéo ou un article qui comblera un vide de conversation car lorsqu’on est en bonne compagnie les mots viennent tous seul et les petits silences sont aussi de beaux moments !
Made in Alsace : Voilà qui est clair ! On adhère … A découvrir de notre part !