Après le passage de l’équipe chez la Maison Arnold, que me reste-t-il à ajouter. Rien… si, un peu de raifort.
Ah si, le fresser** qui sommeille en vous doit aussi savoir que la magie du Baeckeoffe tient dans la formule et dans la recette. Pour savoir bien prononcer son nom, vous retiendrez donc cette charade :
Mon premier a poussé et nous permet de parler
Mes seconds sont pondus par la poule
Mon troisième est le contraire de « on » en anglais
Et mon tout est ce plat magnifique.
Vous n’avez pas suivi ? Voyons, mon premier est le « bec » car tous les alsaciens parlent, depuis Germain Muller wie d’r Schnàwwel gwàchse esch (comme le bec leur a poussé). Mes seconds sont les oeufs. Mon troisième est « off ».
« Bec-oeufs-off », ça y est, vous l’avez !
Maintenant, et puisque vous savez enfin prononcer son nom, il ne vous reste plus qu’à cuisiner et savourer ce plat. Raison de plus pour moi de vous faire partager un autre secret : ma recette du Baeckeoffe au Riesling.
Donc, pour faire un bon Bæckeoffe au vin blanc façon Brad, il faut une terrine en terre de Soufflenheim, 1,5 kg de pommes de terre, 1 kg d’échine de porc, 500 g d’épaule de mouton désossée, 500 g de gîte de boeuf, 2 oignons, 3 carottes, 1 poireau , 100 g de farine, sel et poivre et une marinade top secret héritée de ma maman (non, vous n’avez pas les moyens de me faire parler…).
Mélanger tout cela et disposer par couches alternées de viandes et pommes de terre. Préchauffer le four à 150° C et enfourner. Se verser alors un verre de Riesling et le boire pour se féliciter de la bonne tenue des opérations et saluer votre haute maîtrise, le tout à la santé du confrère.
Mettre le plat en terre cuite au four. Se servir deux verres de Riesling et les boire en vantant le cuisinier qui sommeille en vous. En boire un 3e pour vaincre l’émotion du moment, un 4e parce que vous le valez bien. Après une demi- heure, ouvrir le four et surveiller la buisson du baeckeofe.
Comme tout va bien, prendre la pouteille de Riesling et s’enfiler deux ou trois schloucks, discrètement !
Après une noubelle debi beurre, se faufiler jusqu’au bour. Ouvrir la borte, rebourner, enfin bref, vérifier que le beckoff cuise fraiment lentement.
S’asseoir sur une chaise et se reserver oder reverser 5 ou 6 verres de Riesling. Laisser buire, non luire, non cuire le back-off bandant deux heures. Et hopla !
Retirer le plat du bour sans se pruler sous peine d’appeler les sapeurs plombiers. Se reberçer un nouveau schlouk de pin. Rabasser le plat qui est tombé par terre. Serbir les morfeaux dans une assiette décorée. Fiat Loux !
Se béter enfin la figure à cause du gras sur le barrelage de la buisine. Ne plus essayer de se relever. Décider qu’on est bien bar derre et qu’il reste deux pouteilles de Tirelire à finir. Plus tard, à plus soif, ramber enfin jusgu’au lit et dorbir ze gui rezte de la nuit.
Le lendemain matin vers 15h00, déjeuner d’un cocktail de produits pour la dichestion et le mal de tête. Nettoyer le pordel dans la cuisine. Et enfin, aller réserver dans une table dans un bon restaurant alsacien pour savourer enfin un vrai baeckeoffe d’Alsace.
Achtung : Les conseils de Brad contenus dans cette recette ne sont pas à suivre à la lettre et relèvent un tant soit peu de la fiction. Comme nous le rappelle le philosophe américain Fox Mulder : « la vérité est ailleurs ». Il convient également de boire le Riesling avec modération (et avec qui vous voulez d’ailleurs, on ne travaille pas pour Edvige ici).