Elle est belle, la maison alsacienne, elles sont belles. Face à l’incompétence et à la bétonisation, une association résiste : l’Association pour la Sauvegarde de la Maison Alsacienne, l’ASMA. Son défi, empêcher la destruction de vraies maisons durables. Rencontre avec Denis Elbel, vice-Président de l’Asma.
Il faut sauver la Maison Alsacienne !
Made in Alsace : On connait l’Association pour la Sauvegarde de la Maison Alsacienne, mais l’occasion est donnée de rappeler son histoire, son activité, son engagement pour la maison alsacienne.
Denis Elbel : l’Asma a vu le jour en 1972. Nous avons fêté notre 50ème anniversaire l’an dernier et l’association se développe toujours. Nos 1000 adhérents nous aident à relever, au quotidien, le défi de sauvegarder les maisons alsaciennes.
Made in Alsace : Sauver une maison alsacienne ! Concrètement, cela consiste en quoi ?
Denis Elbel : Sauver, c’est d’abord empêcher leur démolition. Cela passe, en ce moment par exemple, par des recours au Tribunal Administratif, par des actions auprès des élus pour faire changer les PLUi. Comment ne pas évoquer, par exemple, celui de la Communauté de Communes du Kochersberg qui interdit désormais la destruction de 1500 maisons alsaciennes !
Mais cela passe aussi par des Stammtisch, ces réunions où se rencontrent passionnés, architectes, artisans et curieux.
Des Stammtisch, des réunions
La maison alsacienne étant par nature une « maison durable », nous aimerions qu’aucune maison à colombages ne disparaisse.
Made in Alsace : L’architecture alsacienne est bien plus moderne et adaptable aux enjeux du 21ème siècle qu’on ne le pense. Vous évoquez le côté « durable », pouvez-vous nous en dire plus ?
Denis Elbel : Les maisons alsaciennes traversent le temps, résistent aux intempéries, aux tremblements de terre. Elles ont des vertus qui mériteraient d’être enseignées dans les écoles d’Architecture.
La maison à colombages, alsacienne et durable :
Bien isolée, une maison alsacienne est parfaitement adaptée au 21ème siècle. Ma maison à colombages, qui a plus de 300 ans, est, par exemple, classée BBC, bâtiment basse consommation.
Enfin, les matériaux qui constituent une maison alsacienne, viennent par nature de circuits courts, que l’on parle des colombages, du torchis, mais aussi des tuiles. Vous aurez bien compris qu’une maison alsacienne est parfaitement réparable par les artisans locaux.
Made in Alsace : Que dire encore à celles et ceux qui préfèrent détruire ou laisser détruire une maison alsacienne ?
Denis Elbel : Les en dissuader par tous les moyens possibles. D’abord par le dialogue, car on fait face à beaucoup d’ignorance, voire d’incompétence autour de la maison alsacienne. Certains architectes, hélas, préfèrent passer par leur destruction que par leur intégration.
Après, nous faisons tout pour informer les propriétaires mal conseillés, pour les accompagner. Parfois, cela passe aussi par le Tribunal Administratif lorsque nous pensons possible d’empêcher la démolition d’une partie de notre patrimoine alsacien. Heureusement, beaucoup de maires nous écoutent à présent.
Des métiers, de l’emploi, des débouchés
Made in Alsace : Quelles sont vos actions à venir au service du bâti « Made in Alsace » ?
Denis Elbel : Présentes et à venir, aurais-je tendance à dire. Nous sensibilisons, nous informons et associons à notre démarche de plus en plus d’artisans.
Nous sommes en relation avec des spécialistes de chacun des corps de métiers nécessaires à l’entretien, l’optimisation, l’aménagement des maisons alsaciennes.
En partie grâce à nous, leurs carnets de commandes se remplissent. Mieux encore, des jeunes trouvent là des débouchés et une vocation.
Cela ne vous surprendra pas, l’une des actualités du moment, c’est le développement durable. Quoi de plus durable que nos maisons alsaciennes ? Nous trouvons, avec les artisans, de nouvelles matières, des solutions innovantes pour les entretenir, les isoler et les adapter aux impératifs du temps présent.
Vos lecteurs peuvent venir à notre rencontre et nous rejoindre.