Charles Louis Schulmeister, à l’époque Karl Ludwig Schulmeister… Le nom ne vous dit rien ? Il enchanta la télévision de nos parents et grands-parents. Son nom baptise un parc à la Meinau, dans les quartiers Sud de Strasbourg
Contrebandier entre les deux rives du Rhin
Charles Louis Schulmeister démarre contrebandier entre les deux rives du Rhin. Il est alors à la tête d’un nombre de personnes utiles qui transportent bien des marchandises, qui font passer des gens aussi. Forcément, du réseau de petites mains au « réseau d’information », il n’y a qu’un pas.
Schulmeister a ainsi accès à bien des informations qui pourraient être utiles … Utiles à qui ? C’est un colmarien et pas n’importe lequel, le Général Jean Rapp, aide de camp de Napoléon qui entrevoit l’atout que peut devenir Charles Louis Schulmeister pour la France.
La légende dit qu’il se présente à l’Empereur sous deux déguisements différents.
Dès 1804, le voilà d’obtenir un grade, d’intégrer le cercle discret de la police impériale.
Espion de l’Empereur
Votre mission si vous l’acceptez …
Parmi les coups d’éclats « revendiqués », notons :
La bataille d’Ulm : Si la victoire est grande, on prête l’origine de la défaite du Général Mack à de la « désinformation ». Un supposé Hongrois faire croire à Mack à un coup d’État pour renverser Napoléon, un faux journal (empli de fake news déjà) appuie cela. Mack peut-il rester dans Ulm et assiégé, finira par se rendre. Ce Hongrois n’est autre que Charles Louis Schulmeister.
Face à l’Empereur d’Autriche : 1805, un conseil de guerre se tient sous l’égide de François II, qu’à cela ne tienne, Schulmeister y assiste et s’informe.
Commissaire à Vienne : Le 13 novembre 1805, à l’entrée des Français dans Vienne, il réapparaît et se présente à Savary. Le 15, le voilà nommé commissaire de la police de sûreté au sein du gouvernement militaire installé dans la capitale autrichienne
Charles Louis Schulmeister brillera par la qualité de ses informations (même s’il fut sans doute agent double auprès de l’Autriche).
Sa réussite en affaires (que certains accuseront d’être liée à de multiples reventes de secrets) lui permettent d’investir à Strasbourg, une partie de sa fortune estimée à 4 millions de franc-or. Il investit le domaine de l’Entenfang, la Canardière, qu’il aménage et baptise « Meine Aue » (Ma prairie). Un nom qui restera au quartier jusqu’à nos jours.
Meinau, son nom est Meine Aue
Son château de la Meinau attisa lui, bien des jalousies tant il rayonnait tant son hôte savait recevoir. Lui reprendra du service. En 1806, Schulmeister s’empare, avec quelques hussards, de la ville de Weimar.
En sa demeure de la Meinau, Charlotte, son épouse, recevra encore en avril 1809, l’impératrice Joséphine, la reine Hortense, la reine Catherine de Wurtemberg, épouse de Jérôme, roi de Westphalie, et la grande duchesse de Bade.
12 chats angora
L’Histoire passe et l’influence de Charles Louis Schulmeister décline. Il perd sa fortune et habite alors une petite maison, au n°3, place Broglie, avec ses douze chats angoras. C’est ici que mourra le plus connu des agents secrets strasbourgeois.
Charles Louis Schulmeister, espion de l’Empereur, est enterré au cimetière St Urbain, non loin de l’actuel Rivétoile. Nous sommes persuadés que vous ne connaissiez pas ou peu, ce James Bond « alsacien ».
Arrêtez-vous-y un jour …
Il inspira une série télévisée dans au coeur des années 70.
Quand l’Histoire rencontre la littérature et d’autres médias, c’est plus que jamais une autre façon de découvrir l’Alsace et Strasbourg. Made in Alsace est heureux de partager cela avec vous.
A lire
- Schulmeister, l’espion de Napoléon par Gérald Arbois – Ed. Ouest France.
Photo : Charles-Louis Schulmeister, 1839, par Charles Auguste Schuler (coll. BNUS)
