Chaque année, au sortir de l’hiver, après Mardi Gras, une tradition millénaire illumine le ciel alsacien : le Schieweschlawe. Cette fête aux origines païennes, remontant aux Celtes, célèbre, à sa façon, l’équinoxe de printemps et symbolise la fin de la saison froide.
Pratiquée principalement dans le nord de l’Alsace, à Offwiller, mais aussi à Wintzenheim-Kochersberg ou Dieffenthal, elle attire curieux et passionnés pour un Schieweschlawe, mystère et disques de bois, un spectacle aussi fascinant qu’unique.

Un Rituel de Feu pour Chasser l’Hiver
Le Schieweschlawe, qui signifie « lancer de disque » en alsacien, repose sur un rituel simple mais chargé de sens. Des disques de bois, généralement en hêtre, sont confectionnés artisanalement, puis enflammés dans un grand brasier.
À la tombée de la nuit, les participants les projettent dans le ciel depuis des tremplins naturels ou des pierres inclinées. Ces gerbes de feu, qui peuvent atteindre une centaine de mètres, représentent le soleil renaissant, chassant les mauvais esprits de l’hiver pour laisser place au renouveau printanier.

Une Célébration festive
Et voilà même la littérature d’en garder une trace :
« Pendant le Carnaval, au cœur de l’hiver, on célèbre dans ces montagnes ce qu’on pourrait nommer la fête des mauvaises langues. C’est une bien vieille coutume, et qui se renouvelle tous les ans. Quelques jours après l’épiphanie, un soir, les garçons du village se rendent sur la roche la plus élevée de la côte, au milieu des bois, qui s’appelle « la roche des Chibés ». Ils y font un grand feu de ronces et de bruyères. Les garçons jettent dans le feu des rondelles de bois large de six à huit pouces, percées d’un trou par le milieu; quand ces rondelles flambent, ils passent la rondelle dans le trou la pointe d’une perche; et après l’avoir fait tourbillonner, ils la lancent de toutes leurs forces dans les airs; et pendant qu’elle file comme une étoile, traçant une grande courbe au-dessus des vieux chênes, ils crient d’une voix traînante » Chibé!… Chibé!… »
— Erckmann-Chatrian, Histoire d’un sous-maître, 1861
Organisée traditionnellement le premier dimanche après Mardi Gras, cette fête mobilise toute la communauté. À Offwiller, par exemple, les villageois préparent l’événement des semaines à l’avance, ramassant du bois mort pour le bûcher.
L’ambiance est à la fois solennelle et festive : les spectateurs admirent les trajectoires incandescentes, tandis que buvettes et tartes flambées réchauffent les cœurs. À Wintzenheim, l’association socio-culturelle perpétue cette coutume avec ferveur, attirant chaque année des centaines de visiteurs.
Un Patrimoine Vivant à Préserver
D’années en années, ce rituel continue de briller comme un phare dans la nuit alsacienne. A vivre en Alsace ! Chaque année …