Après des mois de combats acharnés à travers l’Europe, la 2e Division Blindée, sous le commandement du général Leclerc, atteignit enfin son objectif : la libération de Strasbourg. Ce jour-là, l’histoire se fit avec des lettres d’or, inscrivant à jamais le nom de Strasbourg et de ses libérateurs dans les mémoires.
Les chars rugissants et les soldats déterminés de la 2e DB s’engouffrèrent dans les rues de la ville, chassant l’occupant. Les Strasbourgeois, après quatre longues années d’attente et de souffrances, accueillirent les troupes avec une joie immense. Des drapeaux tricolores s’agitèrent aux fenêtres, des larmes de joie roulèrent sur des visages marqués par les épreuves.
Le serment de Koufra tenu
Ce jour-là, c’était plus qu’une victoire militaire. C’était l’accomplissement d’un serment. En 1941, dans le désert libyen, le général Leclerc avait juré de libérer Strasbourg, après que la colonne du Tchad ait libéré Kouffra.
Au cœur de cette effervescence, un jeune homme de 23 ans, Maurice Lebrun, l’un des 300 de Koufra, nourrissait un rêve fou : hisser le drapeau tricolore au sommet de la cathédrale. Ce geste symbolique devait sceller la victoire, incarner l’espoir renaissant et marquer à jamais l’histoire de la ville.
Avec une détermination sans faille, Lebrun se rendit chez une commerçante près de la place Saint-Étienne. Son cœur battant à tout rompre, il lui expliqua son projet audacieux. La femme, émue par tant de patriotisme, accepta de l’aider. Elle confectionna à la hâte un drapeau tricolore avec les moyens du bord : un bout de drap blanc, un pan de jupe bleue. Mais il manquait le rouge. Il sera préleveé un morceau d’un étendard nazi, symbole de l’oppression vaincue.
Accompagné de trois camarades, Lebrun entama l’ascension de la cathédrale. Les marches semblaient interminables, mais la perspective de hisser le drapeau les galvanisait. Arrivés au sommet de l’édifice, les compagnons de Lebrun s’arrêtèrent, impressionnés par la hauteur et le vent glacial qui soufflait. Seul, le jeune Spahi poursuivit son ascension, grimpant avec agilité le long de la flèche vertigineuse.
Face à la froideur de la pierre, Lebrun sentit le vent fouetter son visage. Mais il ne recula pas. Il avait une mission à accomplir. Arrivé au sommet, il déplia le drapeau tricolore, le cœur rempli d’une émotion indescriptible.
La 2ème DB tenait parole. Le drapeau tricolore flottant au sommet de la cathédrale était le symbole de cette promesse tenue, de cette victoire arrachée à l’ennemi, en prolongement à tous les combattants des résistants de la Main Noire à d’autres.
Une page se tourne avec la libération de Strasbourg
La libération de Strasbourg marqua un tournant dans la Seconde Guerre mondiale. Elle fut un coup dur pour l’occupant allemand, qui vit s’effondrer l’une de ses dernières lignes de défense en France. Pour les Alsaciens, ce fut le début d’une nouvelle ère, celle de la reconstruction et de la réconciliation.
Les combats continuèrent jusqu’en 1945…
Un héritage vivant
Aujourd’hui encore, le souvenir de la libération de Strasbourg est profondément ancré dans les mémoires.
Au-delà des faits historiques, c’est l’émotion qui transcende le temps. L’image des soldats français et de la 2ème DB libérant Strasbourg, des Strasbourgeois accueillant leurs libérateurs en larmes, reste gravée dans les mémoires collectives. C’est cette émotion, cette communion entre les libérateurs et les libérés, qui fait de cette page d’histoire un moment inoubliable.
Le 23 novembre 1944, Strasbourg renaissait de ses cendres, portée par l’espoir et la promesse d’un avenir meilleur et la nécessité de reconstruire sur les ruines d’une guerre fratricide… L’Alsace pansait ses plaies, elle pensait à ses morts.