En Alsace, l’Avent n’est pas une simple attente : c’est un lent feu qui monte, dimanche après dimanche, dans les maisons à colombages et les villages accrochés aux vignobles. On allume les bougies des couronnes de l’Avent.
- Premier dimanche de l’Avent : Dimanche 30 novembre 2025
- Deuxième dimanche de l’Avent : Dimanche 07 décembre 2025
- Troisième dimanche de l’Avent : Dimanche 14 décembre 2025
- Quatrième dimanche de l’Avent : Dimanche 21 décembre 2025
Allumez la couronne !
On prétend ici que Noël ne commence vraiment que quand la quatrième bougie est allumée. Et chaque dimanche a sa couleur, son odeur, son histoire.
Premier dimanche – La lumière dans l’ombre
On l’appelle le dimanche du « Lìecht » (lumière). Dès la sortie de la messe de l’aube, les enfants courent à la maison chercher la couronne encore nue. Une seule bougie était plantée au milieu du cercle de sapin. On l’allume à la tombée du jour, quand les vignes de Riquewihr ou de Ribeauvillé se couvrent de givre.
Autrefois, dans les fermes, on racontait que cette première flamme rappelait le temps où les mineurs de Sainte-Marie-aux-Mines descendaient dans les galeries avant le lever du soleil. Elle était la promesse que même l’hiver le plus noir finit toujours par céder.
Deuxième dimanche – Les odeurs du pain et de l’enfance
Deux bougies. La maison sent déjà la cannelle et l’orange séchée. C’est le dimanche des premiers Bredele. Les grands-mères sortent les moules en cuivre en forme d’étoile, de cœur, de lune, de bonhomme. On pétrit la pâte sur la table pendant que le poêle ronronne.
Dans les villages du Piémont, on prépare le « Mannala » – petit bonhomme en brioche – que l’on offrira aux enfants le 6 décembre. Et l’on commence à murmurer le nom de saint Nicolas qui, la veille, a déjà passé avec son âne et le terrible Hans Trapp dans les ruelles pavées.
Troisième dimanche – Le sapin entre dans la maison
Trois flammes vacillent. C’est le jour où l’on va chercher le « Tannebààm » dans la forêt vosgienne. Les familles montent en traîneau ou, aujourd’hui, en 4×4, jusqu’aux hauteurs de Kaysersberg ou du Hohwald.
On coupe le plus beau, pas trop grand pour la Stùb, la pièce chaude.
De retour, on l’installe dans le coin près du Kachelofe. Les enfants accrochent les premières décorations : pommes rouges, noix dorées, étoiles en paille tressée par les anciens. Et l’on pose sur les branches les premiers Schwibbòòge, ces arcs de lumière en bois découpé qui tournent doucement à la chaleur des bougies.
Quatrième dimanche – La nuit presque sainte
Quatre bougies brûlent enfin. On est le dimanche des Vigiles. Les rues de Strasbourg, Colmar ou Obernai sont déjà illuminées, mais dans les maisons, c’est la lumière de la couronne qui compte le plus. On éteint toutes les lampes électriques. Seules les flammes et les guirlandes du sapin brillent.
Traditions de l’Avent, de l’avant Noël
Les familles se rassemblent. On chante, on lit un passage de l’Évangile en alsacien, puis l’on partage la soupe aux étoiles (bouillon clair avec des pâtes en forme d’étoile). Les enfants ne tiennent plus : demain soir, le Christkindl, l’Enfant Jésus aux ailes d’ange, passera déposer les cadeaux sous le sapin pendant que l’on sera à la messe de minuit.
À la cathédrale de Strasbourg ou dans la petite église romane de Rosheim, quand sonnent les cloches à minuit, l’Alsace entière retient son souffle. Les quatre semaines d’attente se referment comme un cercle de feu. Noël est là.
D’autres mettent leurs couronnes sur les portes !
